dimanche 10 février 2019

lundi 3 octobre 2016

Promesse factory

237 lycéennes sont enlevées le 15 avril 2014 par Boko Haram, groupe terroriste au Nigeria. Un drame impensable devient point de départ de l’'exposition Je suis femme, je suis l'’humanité. Pour faire face à la froideur du nombre, Moïse Touré répond par l'’humanité. 237 femmes d’'Annecy et de l'’agglomération prêtent leur image aux victimes de la barbarie terroriste. Ces visages se succéderont sur grand écran, scandés de paroles d’'écrivains pour dire l'’indicible. 


1.
Je suis l’invisible
          Celle que tu ne peux pas voir
          Que tu refuses de voir
Je suis une absence
Je suis celle qui n’a pas de nom
          Que tu ne connais pas
          Que tu crois connaître
          Que tu ne connaitras jamais
Je suis du temps d’antenne
           De l’émotion à revendre
Je suis un destin
          L’histoire d’un continent
          De toute l’humanité
Je suis celle qui a été enlevée, violée et tuée et qui aujourd’hui encore, attend du secours

2.
Il y a ce que tu as entendu à la radio
          À la télévision
Il y a ce que tu as lu sur internet
          Dans les journaux
Il y a ton indignation
          Ta belle indignation
Il y a ce que tu voulais faire
Il y a ce que tu n’as pas fait
Il y a une histoire
Et par-dessus tout, il y a celle que je suis

Murs - Une promesse

 En mai 2015, à l'invitation du Théâtre de Poche (Genève) et du Théâtre des Célestins (Lyon), je rencontre l'auteur, metteur en scène, comédien, musicien Abdelwaheb Sefsaf à l'occasion d'un "atelier solidaire et citoyen aux Célestins" (pour un retour sur cette expérience : https://youtu.be/nUeumAgPJoM). Il y a comme une évidence dans cette collaboration qui amène Abdel à me proposer de m'associer à sa compagnie Nomade In France.

Notre première réalisation commune "Murs", pour laquelle j'ai donc co-écrit le texte, sera créée au Centre Culturel Aragon à Oyonnax le 13 octobre 2016 avant une tournée française.
 



Un texte non retenu dans la forme finale du spectacle :

Une promesse 

Il y a ce mur devant nous
Tu le vois ce mur ?
Bien sûr que tu le vois
A quoi il sert ?
C’est absurde un mur au milieu de nulle part
Combien fait-il de long ?
Deux cents mètres ?
Trois cents mètres ?
Et sa hauteur ?
Sept mètres ?
Un peu plus ?
Et son épaisseur ?
Dis-moi
          Combien fait-il d’épaisseur ?
Est-ce qu’une personne peut marcher à son sommet ?
C’est toi qui l’as construit ?
Pourquoi tu me le dis pas si c’est toi qui l’as construit ?
Il est en quelle matière ?
C’est du béton ?
Vu d’ici, on dirait du béton
Comment t’as fait pour amener autant de béton ?
T’as pas pu faire ça toute seule
Qui t’a aidé ?
Ils ont forcément un nom ceux qui t’ont aidé
Des camions sont venus jusqu’ici ?
Combien ?
Pourquoi est-ce qu’il n’y a pas de traces de leur passage ?
Est-ce qu’il a plu depuis qu’ils sont partis ?
Et tu es qui toi ?
Est-ce que tu es née ici ?
Est-ce que tu considères cette terre comme ta terre et tu serais prête à la défendre au péril de ta vie ?
Est-ce que c’est la raison de ta présence ?
Pourquoi tu ne réponds pas ?
Pourquoi tu restes comme ça, la bouche fermée, le regard brûlé par le soleil ?
Ne me dis pas que je te fais peur
Ne me dis pas que tu crois que malintentionné, j’ai parcouru ce long chemin qui m’a mené jusqu’à toi
Regarde-moi
Il y a moins de cinq minutes que nous nous connaissons
Je ne te violerai pas
Je ne te prendrai rien
Je ne te toucherai même pas
Ne te laisse pas aveugler par ma voix éraillée et mon aspect débraillé
Ça fait des semaines que je marche
          Que je bouffe de la poussière
          Que le soleil me dessèche
Je suis fatigué
Je pue la transpiration
Mes habits déchirés
Mais je ne te ferai aucun mal
Je suis juste de passage
C’est ça
          Un être de passage
Et j’arrive de très loin avec cette promesse
          Toujours avancer en ligne droite
          Quoi qu’il en coute, ne jamais dévier ma route
Et aujourd’hui, devant moi, il y a ce mur qui s’oppose à mon chemin
Je pourrais faire un détour
           M’inventer un nouveau parcours
Mais comme je t’ai dit, ma promesse, c’est d’avancer en ligne droite
Il y a des gens qui avancent en zigzaguant, moi, j’avance en ligne droite
Alors j’ai besoin de savoir pourquoi ce mur est là et si c’est bien toi qui l’as construit
J’ai tout mon temps
Ça fait si longtemps que je marche
Ok
Je me plie à ton silence
Mais un truc avant que je parte
Ce mur, écoute-moi bien, il ne m’arrêtera pas
Parce que moi, je n’ai rien à perdre
Il y a longtemps que je n’ai rien à perdre
Je passerai par-dessus ou par-dessous s’il le faut
Ce mur, je le détruirai avec mes poings
Je le dévorerai avec mes dents
Je l’aspirerai avec mon bouche
Je l’effacerai avec mon imagination
Parce que parfois, il y a des promesses que tu es obligé de tenir pour te rappeler que tu es en vie

samedi 19 mars 2016

Interdit

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-->Extrait de "Avant de se retrouver", spectacle musical, texte et mise en scène Jérôme Richer, musique Olivia Pedroli, créé au 2.21 à Lausanne. Une production de la Compagnie Binooculaire. 
Il y a un truc que je ne supporte pas
Un truc qui me rend dingue
C’est qu’on touche ma flute
Qu’on pose ses mains sur elle
Tout de suite, je crois qu’on va la prendre de travers
La blesser
C’est très intime une flute
Sa forme, c’est très intime
Et puis la flute, c’est le souffle
La pulsation vitale La flute, c’est peut-être l’instrument qui se rapproche le plus de la voix humaine